Quel avenir pour le bien-vivre-ensemble au Moyen-Orient ?

Colloque international

Quel avenir pour le bien-vivre-ensemble au Moyen-Orient?
La gestion de la pluralité ethno-religieuse à la lumière des révolutions arabes


Beyrouth, Mardi 5 et mercredi 6 novembre 2013
Université Saint-Joseph

Argumentaire

Y a-t-il encore une place à la diversité culturelle (tanawu’) et la pluralité religieuse (ta’adudiyya) dans une région qui depuis un siècle n’en a toujours pas fini avec la violence politique ? Quel avenir envisager pour les communautés culturelles et confessionnelles, de plus en plus fragilisées par la radicalisation et l’extrémisme religieux ? L’espérance portée par les révolutions sociales arabes peut-elle avoir des retombées positives pour les « minorités » de la région ?

Depuis la naissance du Proche et Moyen-Orient contemporain suite à l’effondrement de l’Empire ottoman au début du siècle dernier, des Etats-nations ont été créés sous l’inspiration directe des puissances mandataires de l’époque qui a  souvent regroupé des communautés culturelles et religieuses fort différentes. Ces dernières ont vécu tant bien que mal, des décennies durant, sous le règne de régimes dictatoriaux ou de monarchies absolues qui prirent le pouvoir après les indépendances politiques.

A l’ère où des mouvements sociaux protestataires sans précédent sont parvenus à bouleverser les scènes politiques arabes, la question de la gestion de la diversité ethnique et interreligieuse resurgit avec acuité. En effet, à l’heure où l’islamisme (qui succède à l’arabisme des années 1950 à 1970) aspire à diriger des Etats, l’avenir des différentes communautés semble de plus en plus incertain et même inquiétant dans un contexte qui relève d’un redécoupage de la carte géopolitique de la région. Se pose alors la question de savoir si les différentes communautés du Moyen Orient, qui vivent actuellement l’une des phases les plus critiques de leur histoire, réussiront à sauvegarder leurs droits dans des sociétés en devenir qui cherchent comment aller vers des systèmes politiques qui respectent les droits civiques politiques et sociaux des citoyens.

Les premiers signes qui nous parviennent de ces mouvements protestataires ayant porté à la tête des Etats des partis islamistes montrent un infléchissement des premières revendications (formulées en termes d’égalité, de dignité et de citoyenneté) et dérivent désormais vers des thématiques plus identitaires  avec l’insistance mise sur la charia et autour d’une vision de la citoyenneté directement reliée à la tradition théologico-politique de l’islam. Le processus démocratique en Egypte et en Tunisie a ainsi débouché sur des formes d’expression politique à fort caractère religieux et identitaire. Aussi ces revendications identitaires révèlent-elles l’échec de la construction historique de l’unité nationale et font-elles problème sur de nombreuses questions sociétales dont celle de la reconnaissance de la diversité culturelle et de la pluralité religieuse dans la construction démocratique des pays du Moyen-Orient.

L’Etat islamique qui est appelé par de nombreux partis est-il compatible avec la liberté de conscience ? Jusqu’à quel point la crainte des minorités de voir arriver des islamistes au pouvoir est-elle fondée? Qu’en est-il de la pluralité en tant que mode de gestion de la diversité par lequel des communautés ethno-religieuses transcenderaient leurs identités collectives et consciences minoritaires pour créer un projet de société commun à tous ? Comment alors penser une démocratie qui soit fondée sur le principe de la citoyenneté avec le principe de l’islam comme  religion d’Etat et la charia comme source de législation ?

Telles sont quelques-unes des questions  que ce colloque propose de traiter.

Le Beirut Research and Innovation Center (BRIC) organise deux journées d’étude à Beyrouth, qui se tiendront les 5 et 6 novembre prochain sur le thème : Quel avenir pour le bien-vivre-ensemble au Moyen-Orient ? La gestion de la pluralité ethno-religieuse à la lumière des révolutions arabes.

Cette conférence s’inscrit dans le cadre d’un programme de recherche lancé par BRIC sur la diversité et la pluralité religieuse au Moyen-Orient et qui s’intéresse à la question de la diversité dans tous ses aspects et formes, et à la manière dont les jeunes gouvernements issus des révolutions arabes vont adopter et appliquer des mesures ou des projets visant à parfaire l’égalité entre leurs citoyens.

Ce colloque devrait offrir la possibilité de réfléchir et de soulever des questions cruciales se rapportant à l’avenir et à la gestion de la diversité ethno-religieuse. Il sera aussi une occasion d’associer chercheurs et universitaires européens et arabes pour traiter, à travers des éclairages multidisciplinaires et multithématiques, les quatre grands thèmes qui nous occuperont à savoir : 1) expliciter les modes publics de gestion de la diversité au Moyen Orient dans une perspective à la fois historique et contemporaine ; 2) penser le rapport à la citoyenneté pour transcender les revendications et antagonismes identitaires ; 3) analyser la gestion de la diversité à la lumière des nouveaux défis du 21e siècle par des études de cas ; 4) appréhender le phénomène islamiste à l’épreuve du pouvoir et des révolutions.

 

Programme

1er JOUR           MARDI 5 NOVEMBRE 2013

9h00-9h30        Allocutions d’ouverture

Salim DACCACHE, Recteur de l’Université Saint-Joseph (Liban)

Hassan GHAZIRI, Directeur de Beirut Research and Innovation Center (BRIC) (Liban)

Carla EDDE, Chef du département d’Histoire – Relations internationales, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Saint-Joseph (Liban)

 

9h30-11h30      Séance inaugurale

OÙ EN EST LE MONDE ARABE APRES TROIS ANS DE REVOLUTION ? BILAN D’ETAPE, ANALYSES ET PERSPECTIVES

Président de séance : Hassan GHAZIRI, Directeur de Beirut Research and Innovation Center (BRIC) (Liban)

 

Gilbert ACHCAR, Professeur, The School of Oriental and African Studies (SOAS), University of London (Grande-Bretagne)

Georges CORM, Ancien ministre des Finances, économiste, historien, professeur à l’Université Saint-joseph (Liban)

Henry LAURENS, Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe (France)

 

11h30-12h00    Pause-Café

 

12h00-13h30   PREMIERE SESSION – GERER LA DIVERSITE AU MOYEN-ORIENT

Président de séance : Antoine MAURICE, Membre de l’assemblée constituante genevoise, ancien diplomate, journaliste, professeur honoraire de sociologie des médias aux Universités de Neuchâtel et Genève (Suisse)

 

Comment la question de la pluralité ethno-religieuse a-t-elle été gérée par l’Empire ottoman et la puissance mandataire française ?

Carla EDDE, Historienne, Université Saint-Joseph (Liban)

 

Le statut personnel comme exemple de politique de gestion de la diversité : approche comparative

Amr SHALAKANY, Juriste, American University of Cairo (Egypte)

 

Le pacte libanais comme modèle possible pour la gestion ?

Sélim AL-SAYEGH, Ancien ministre des Affaires sociales, Juriste, Université Paris-Sud 11 (Liban)

 

13h30-15h00    Déjeuner

 

15h00-17h00    DEUXIEME SESSION – PENSER LE RAPPORT A LA CITOYENNETE

Président de séance : Yves BESSON, Ancien diplomate suisse, vice-président de l’Association suisse pour le dialogue euro-arabo-musulman (ASDEAM) (Suisse)

 

L’imaginaire collectif confronté à l’histoire mythologisée, les violences religieuses et la sécularisation

Ahmad BENANI,  Politologue, Université de Lausanne (Suisse)

 

La révolution tunisienne entre autonomie et sacralité de la société

Mondher KILANI, Anthropologue, Université de Lausanne (Suisse)

 

Islam et sécularisation

Rachid BENZINE, Chercheur associé à l’Observatoire du Religieux, Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence (France)

 

2e JOUR            MERCREDI 6 NOVEMBRE 2013

9h00-10h30     TROISIEME SESSION – LA GESTION DE LA DIVERSITE A LA LUMIERE DES NOUVEAUX DEFIS : ETUDES DE CAS

Président de séance : Nadim SHEHADI, Chatham House (Grande-Bretagne)

Les Alaouites du Liban : l’avenir incertain d’une minorité prise dans l’engrenage syrien

Carine LAHOUD-TATAR, Chercheur, Beirut Research and Innovation Center (Liban)

 

Citoyens, élites politiques et leaders religieux au Liban face aux révolutions arabes : sentiment communautaire et/ou position politique ?

Vincent GEISSER, Chercheur, Institut Français du Proche-Orient (Liban)

 

Managing diversity in pluralistic society: Iraq as an example

Kamran KARADAGHI, Conseiller politique du Président irakien Jalal Talabani (Grande-Bretagne)

 

10h30-11h00   Pause-café

 

11h00-12h30   TROISIÈME SESSION – SUITE

Un vivre-ensemble islamo-chrétien est-il possible au Moyen-Orient ?

Georges CASMOUSSA, Ancien archevêque syriaque de Mossoul (Liban)

 

Les coptes et les islamistes … Problématique de la pensée et de la pratique

Ahmad ZAGHLOUL, Intellectuel égyptien (Egypte)

 

12h30-14h00   Déjeuner

 

14h00-15h30 QUATRIÈME SESSION – L’ISLAMISME A L’ÉPREUVE DU POUVOIR ET DES RÉVOLUTIONS

Présidente de séance : Annie TABET, Anthropologue, Université Saint-Joseph (Liban)

 

Évolution de la pensée politique du salafisme : étude de cas de Hezb al-Nour égyptien

Stéphane LACROIX, Politologue, Institut d’études politiques de Paris (France)

 

Islam et processus constituant : le cas tunisien

Nicolas DOT-POUILLARD, Chercheur, Institut Français du Proche-Orient (Liban)

 

Par-delà la violence et l’intransitivité politique. Critique de l’expérience islamiste du pouvoir à la lumière des révolutions sociales arabes

Reda BENKIRANE, Sociologue, ASDEAM, centre Jacques Berque, Rabat (Maroc)

 

15h30-16h00   Pause-café

 

16h00-17h30   DÉBAT GÉNÉRAL GÉOPOLITIQUE DU MOYEN-ORIENT

Présidente de séance : Christine BABIKIAN ASSAF, Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Saint-Joseph (Liban)

 

Reda BENKIRANE, Sociologue, ASDEAM, centre Jacques Berque, Rabat (Maroc)

Bernard ROUGIER, Directeur  du Centre d’Études et de Documentation Économiques, Juridiques et Sociales du Caire – CEDEJ (Egypte)

Yves BESSON, Ancien diplomate suisse, vice-président de l’Association suisse pour le dialogue euro-arabo-musulman (ASDEAM) (Suisse)

Gilles KEPEL, Professeur des universités à l’Institut d’études politiques de Paris, nommé à l’Institut Universitaire de France (France)

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