Presentation du projet dialogue social et politique au canton de Vaud

Dialogue social et politique pour une société inclusive sachant gérer sainement sa diversité :
le Canton de Vaud

Fondation Orient Mont-Pèlerin
Période couverte par le projet : 2017 – 2018

L’objectif de ce projet est de créer un groupe de dialogue constitué de différentes personnalités des milieux politique, médiatique, éducatif, civil et religieux du Canton de Vaud pour discuter et échanger de manière constructive autour du fait religieux et de sa place dans  l’espace public.

 

1) Contexte

Ces derniers mois ont vu se multiplier les raisons d’inquiétude pour un vivre-ensemble harmonieux, constructif et respectueux en Europe. En effet, l’union fondamentale du tissu social, garante des valeurs démocratiques et de sa résistance face aux nouveaux défis, est mise à rude épreuve. Les peurs liées aux attaques violentes et meurtrières répétées contre des civils et des policiers menées par des personnes se revendiquant de groupes armés violents, la montée des manifestations et des discours islamophobes et racistes, le départ de jeunes européens d’origines sociale et économique diverses pour rejoindre des groupes violents notamment en Syrie et l’attrait croissant des extrémismes de toutes sortes sont autant d’éléments qu’il est important de considérer comme des menaces potentielles à cette union fondamentale et donc des menaces à la paix sociale et au vivre-   ensemble fructueux de notre société plurielle.

La question d’une augmentation de la présence de l’islam, ou du moins de sa visibilité, a de multiples entrées toutes aussi importantes les unes que les autres. Il y a la peur diffuse d’un « islam » façonné à travers les images reprises dans les médias, allant des atrocités de la guerre aux attaques violentes en Europe en passant par un monde d’excès et de fastes outrageux. Cette peur est d’autant plus présente auprès des personnes pour lesquelles l’islam est une religion qui leur est très peu connue et qui est liée à des horizons culturels non moins étrangers. Il y a également la peur, plus concrète, d’être confronté à la revendication d’autres « vérités » et d’autres pratiques religieuses ou culturelles. Ces revendications,réelles ou craintes, seraient considérées comme des menaces soit à la tradition historique chrétienne de notre pays soit à une certaine compréhension de la laïcité. D’autre part, il y a l’inquiétude grandissante chez les Européens musulmans d’être marginalisés, de voir que leur foi, et pour certains leurs origines, deviennent les prismes à travers lesquels leurs concitoyens les appréhendent. Puis, il y a le défi de savoir intégrer les populations récemment arrivées et susceptibles de rester sur unplus ou moins long terme. Ce défi ne pourra être relevé que si le tissu social existant est fort et solidaire. S’il échoue, c’est la porte ouverte à une société communautariste en mal-être.

La Suisse, tout au long de son histoire, a réussi à se construire une société avec une profonde conscience nationale au-delà des différentes lignes identitaires qui la traversent. Ce socle est primordial dans sa capacité à envisager le futur et les défis qu’il annonce.En effet, entre la situation économique, la montée de mouvements exclusivistes à travers l’Europe et outre- atlantique et les questions liées à la migration, on peut s’attendre à ce que le tissu social doive faire face à des tensions de différentes natures ces prochaines années et il est nécessaire de l’y préparer.

Alors qu’en Europe la présence musulmane est largement identifiée à travers les médias et dans les discours de nombreux politiciens comme le vecteur de l’instabilité et de l’insécurité, il est intéressant de commencer une réflexion en Suisse, pays qui semble encore préservé des discours vivement polarisés, accusateurs, voire condamnatoires à l’encontre de certaines parties de la société. En effet, la Suisse fait aussi face à de nouvelles situations à gérer, comme le montrent les exemples des débats autour des serrements de mains, de la nourriture halal ou des salles de prière. Savoir aborder ces questions de manière non polémique et en évitant le piège des identités est essentiel à la cohabitation paisible de différents fonds culturels et religieux. Le contexte suisse pourrait ainsi être le terrain propice à un dialogue constructif, axé sur la consolidation d’un avenir social paisible.

Comme le contexte des relations entre l’État, la religion et la société est particulier à chaque canton, il semble plus adéquat dans ce projet exploratoire de 18 mois de commencer par un dialogue au niveau cantonal. Le Canton de Vaud a été choisi pour cette première phase. Le projet pourra être ensuite reproduit et adapté à d’autres cantons selon ses résultats et son utilité.

 

3) Vision, but, objectif

La vision dans laquelle s’inscrit ce projet est une société suisse inclusive, assumant avec sérénité sa diversité.

Le but de ce projet est de voir différentes parties constitutives de la société du Canton de Vaud s’engager ensemble dans un dialogue constructif et dans la gestion paisible de sa diversité.

L’objectif de ce projet est de créer un groupe de dialogue constitué de différentes personnalités des milieux politique, médiatique, éducatif, civil et religieux du Canton de Vaud pour discuter et échanger de manière constructive premièrement autour des questions que pourraient soulever des phénomènes attribués à la religion musulmane.

 

4) Approche

La Fondation Orient Mont-Pèlerin mène une approche qui se veut large et à long terme. Face à la situation actuelle, il lui semble nécessaire de dépasser le traitement d’un symptôme pour chercher à identifier les malaises profonds qui favorisent l’apparition de telles tensions. Il s’agit alors également de considérer ces manifestations comme produits des sociétés européennes modernes, sujettes à des changements sociaux et démographiques intenses dans un contexte économique difficile. Les tensions surgissant de la gestion de la manifestation de diverses religions ou de phénomènes liés au religieux dans l’espace public sont également à considérer dans ce contexte plus large dans lequel évoluent nos sociétés.

La méthodologie de l’espace de dialogue devrait permettre aux participants venant de différentes orientations politiques, professionnelles et religieuses d’échanger sur des questions d’intérêts communs. Les participants s’engageront par leur souscription à la vision d’un vivre- ensemble paisible et d’une unité sociale harmonieuse préservée au- delà des multiples différences la traversant. A partir de cette vision commune, les participants discuteront de questions qu’ils auront eux-mêmes identifiées comme des défis à ce vivre- ensemble. Ces discussions devraient au final suivre un but pratique afin de proposer des lignes directrices permettant une gestion respectueuse et constructive de la diversité.

 

5) Activités

L’espace de dialogue comprendra une douzaine de participants. Il sera constitué d’une première réunion qui aura comme objectif de faire se rencontrer les participants et d’établir un agenda des points à discuter. Une fois que ces points auront été identifiés et validés par tous les participants, un agenda des rencontres sera discuté avec les participants lors de cette première rencontre. Les rencontres devraient se faire à Lausanne.

Le projet, dans cette première phase, peut envisager selon la discussion avec les participants troisà cinq rencontres sur une année et demie.

 

6) Organisation du projet et ressources

Le projet est organisé et financé par la Fondation Orient Mont-Pèlerin.

La Fondation Orient Mont-Pèlerin, créée en novembre 2014 comme le développement de l’Association Suisse pour le Dialogue Euro-Arabo-Méditerranéen (ASDEAM), entend promouvoir la paix et la compréhension entre l’Europe et le Proche-Orient à travers le dialogue et la connaissance. Elle vise en particulier à :

  • initier des projets de médiation pour la résolution et la prévention de conflits et la promotion de la paix, par le biais d’une recherche-  action interdisciplinaire, interculturelle, interreligieuse et diplomatique ;
  • favoriser les échanges intellectuels, scientifiques, culturels et artistiques entre les citoyens, institutions et organisations de ces deux régions ;
  • constituer des espaces de rencontres, d’échanges et de production de connaissances et de savoir- faire, avec les divers acteurs politiques, économiques, civils et religieux du Proche- Orient, dans le but notamment d’analyser, comprendre et surmonter les crises multiples qui secouent la région ;
  • établir des pôles d’excellence qui attirent des compétences de divers horizons et disciplines pour relever les défis urgents auxquels est confronté le Proche- Orient, et cela à travers le dialogue ainsi que la recherche technologique, scientifique et sociétale.

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